Gérer les économies des particuliers ou les excédents de trésorerie des entreprises ne doit plus simplement être une question de rendement en regardant les performances du passé.
Le monde dans lequel nous vivons est en mouvement perpétuel et le changement s’accélère au rythme du progrès technologiques, à fortiori lorsque celui-ci concerne l’information et la communication. Les positions bougent de plus en plus vite, les monopoles se fissurent et l’information (parfois la désinformation) se diffuse au travers des populations comme jamais au cours de l’histoire de l’humanité. L’internet et sa diffusion de plus en plus large amène la connaissance a portée de tous ceux qui veulent bien s’y intéresser et cela m’amène à penser que notre époque est à la foi passionnante et excitante, même si de nombreux défis vont se présenter dans les décennies à venir !
Je veux bien entendu parler de défis globaux tels que le réchauffement climatique, la surpopulation, la gestion de l’eau et des ressources, … Nous pourrions penser que la gestion de nos économies est extérieure à cela, ou encore investir dans les fonds marqués par du marketing « vert » (voir autre article écrit à ce sujet), mais je préfère une approche beaucoup plus globale consistant à intégrer systématiquement ces problématiques dans la démarche d’investissement, quel que soit le type ou le nom du fonds d’investissement.
A ce titre, je dois souligner le travail d’Aviva, assureur Britannique, qui a été le premier gestionnaire de fonds à annoncer publiquement qu’il allait demander aux entreprises dans lesquels il investit (indirectement dans lesquelles les épargnants investissent) leur stratégie de long terme pour s’adapter aux défis que le changement climatique va poser sur leur route. Et agir en conseil d’administration pour celles qui ne répondraient pas ou de façon trop vague. Avec comme sentence ultime le désinvestissement.
Ce qui est intéressant dans cette démarche, que j’espère voir reprise par de nombreux autres gestionnaires d’actifs, c’est qu’il ne s’agit plus de penser « responsable » parce que c’est à la mode ou parce que certaines personnes influentes le demandent. Non, il s’agit de penser à l’investissement de long terme des épargnant. On commence à tenir compte du risque que représente une montée des eaux de quelques centimètres pour les activités économiques des entreprises, ainsi que des risques liés à des renforcement de régulation pour éviter que l’on y arrive. Et ce même si l’horizon peut être en 2100. En prenant un peu de recul, cette démarche matérialise le lien (existant depuis toujours mais trop souvent oublié) entre bien commun et l’intérêt de l’individu épargnant.
C’est de la même façon que les sujets de gouvernance d’entreprise furent petit à petit intégrés à la façon de gérer les fonds (dont certains sont dits activistes, pour l’intérêt de tous les actionnaires, en particulier des petits). Le principe est d’intervenir pour contrôler les dirigeants d’entreprises qui agiraient contre les intérêts de tous les actionnaires, et ces idées émergèrent suite à la faillite d’Enron et aux informations frauduleuses communiquées aux actionnaires par la direction de l’entreprise dans les années 1990. Un énorme travail a été effectué depuis, et sur des sujets bien plus vastes que simplement le plan comptable (égalité homme-femmes, …), apportant des évolutions très positives dans notre société par rapport aux pratiques antérieures, même s’il reste encore du chemin à parcourir.
Bref, notre épargne est une des briques qui permet à notre société d’être ce qu’elle est, et encore plus, ce qu’elle sera demain. Il est primordial que les gestionnaires de fonds (de long terme en particulier) saisissent les enjeux lointains liés à l’évolution du monde, et de ne pas rester focaliser sur le rendement à court terme. A défaut, outre une évolution plus lente et plus difficiles de nos sociétés, les déconvenues risquent d’être légion et les économies des épargnants peu avisés pourraient à terme fondre comme neige au soleil …